Oleg Loginov, sa femme et leur fille Liza, qui aura bientôt 7 ans, sont d’origine ukrainienne. Ils vivent au Canada depuis cinq ans. Aujourd’hui, ils soutiennent comme ils peuvent leurs proches restés en Ukraine. Témoignage.
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Le Curieux : Avez-vous encore de la famille en Ukraine ?
Oleg Loginov : Oui. Nos parents, ma soeur et sa famille ainsi que la soeur de ma femme sont toujours en Ukraine, dans notre ville, Kryvyi Rih. Mais elles sont prêtes à partir au cas où la Russie envahirait l’Ukraine entièrement. Nous, on est en contact avec eux, si bien qu’on a appris que les Russes avaient commencé la guerre seulement 15 minutes après le début…
L.C. : Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
O.L : Ce qui nous fait le plus peur, c’est la possibilité de perdre nos proches et notre pays. C’est aussi très choquant de voir des attaques aériennes sur nos villes. C’est très difficile d’entendre siffler les sirènes qui préviennent la population des attaques aériennes pendant qu’on parle avec nos proches.
Liza et sa maman manifestent à Montréal en soutien à l’Ukraine.
Oleg Loginov, sa femme et leur fille Liza, presque 7 ans, vivent au Québec depuis 2017 (photo mai 2021).
L.C. : Comment soutenez-vous l’Ukraine de loin ?
O.L. : Nous sommes allés aux manifestations de soutien jeudi dernier et dimanche. Mais ce ne sont seulement des manifestations. Toute la communauté ukrainienne de Montréal se serre les coudes pour aider le pays. Certaines personnes sont en communication avec les groupes de résistance territoriaux en Ukraine (les habitants qui luttent contre l’armée russe-NDLR*).
Elles vérifient de quoi ils ont le plus besoin et par la suite, on les achète ici et on les envoie en Ukraine via (en passant par) la Pologne. C’est surtout des vêtements, divers équipements, des walkie-talkies, des gilets pare-balles, etc.
*NDLR : note de la rédaction c’est-à-dire explication ajoutée par la journaliste pour aider à la compréhension.
L.C. : Avez-vous été surpris que la Russie attaque l’Ukraine ?
O.L. : Malheureusement, non. C’était très attendu depuis 2014*. Ce n’était qu’une question de temps.
L.C : Pourquoi êtes-vous venu vous installer au Canada ?
O.L.: Nous avons un amour pour la langue française. Mais l’une des raisons les plus importantes était l’instabilité politique après la guerre avec la Russie en 2014.
*En 2014, a commencé la guerre du Donbass. C’est une région de l’Ukraine dont une partie des habitants veulent être rattachés à la Russie et non pas à l’Ukraine. Ils sont soutenus par la Russie contre le gouvernement ukrainien. En février 2014, une autre région ukrainienne, la Crimée, est rattachée à la Russie suite à un vote de la population, mais ce n’est pas reconnu par le gouvernement ukrainien ni la communauté internationale.
Liza et une amie ont participé à la manifestation à Montréal avec leurs parents.
L.C. : Comment passez-vous vos journées depuis le début de la guerre ?
O.L. : Nous sommes en contact permanent avec nos proches et nous suivons les nouvelles. Mais pas à la télévision, car elle ne donne pas l’information complète. Nos emplois -je suis ingénieur, gestionnaire de projets et ma femme est assistante en radiologie à l’hôpital- nous permettent de suivre régulièrement ce qui se passe là-bas. Mon employeur m’a proposé de prendre des congés, mais je préfère les garder au cas où la situation empirerait.
Propos recueillis par Léa Villalba.
Édition : Anne Gaignaire
Merci à Oleg Loginov pour les photos et le témoignage.