Rencontre avec…
Charlotte Longpré, M. Sc., étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université de Montréal
10 trucs pour parler de la guerre en Ukraine avec les enfants
La semaine dernière, Charlotte Longpré nous a expliqué pourquoi il était important de parler des sujets difficiles de l’actualité, comme de la guerre en Ukraine, avec les jeunes. Aujourd’hui, elle nous donne 10 trucs pour aborder le sujet avec les enfants.
👉Voici le troisième et dernier volet d’une série de rencontres avec Charlotte Longpré sur le stress et l’actualité.
✔️ Lisez les deux premiers volets :
👉Pourquoi l’actualité a-t-elle un impact sur notre niveau de stress ?
1) Se préparer
Ça se peut très bien qu’on se sente inquiet, anxieux, qu’on ait peur, qu’on soit fâché, peu importe l’émotion, elle est légitime, donc elle est valide. C’est correct de nommer les choses devant les enfants parce que c’est comme ça qu’on se sent et qu’on veut leur montrer que c’est bien d’exprimer leurs émotions.
Mais en même temps, si vous comme parent, vous êtes trop inquiets et que ça prend trop de place, dans ce cas-là, peut-être que vous n’êtes pas la bonne personne en ce moment pour parler de la situation avec votre enfant.
Il faut quand même un minimum de confiance, si je peux dire, ou de réassurance. L’enfant a besoin de se sentir apaisé. S’il vous sent plus anxieux que lui, il va se dire que ça ne marche pas du tout, que la situation est vraiment pire que ce qu’il pense et que même son parent ne peut pas le protéger. C’est important que l’enfant sente que vous êtes calme et disponible pour avoir cette conversation-là.
4) Utiliser un langage simple et rassurant
« Il faut aussi bien faire attention au choix des mots : utilisez les bons mots et essayez de reprendre ceux de l’enfant. S’il utilise le mot « guerre », on peut l’employer aussi. Mais il faut s’assurer qu’il comprend ce que ça veut dire par contre. Il y a des mots qu’on entend comme « invasion », qui sont quand même compliqués à comprendre pour les jeunes, même les plus vieux.
Il ne faut pas avoir peur d’utiliser un mot qui pourrait avoir une connotation plus négative. Si l’enfant a abordé le sujet et a apporté ce mot-là, c’est qu’il le connaît. »
5) Relativiser
C’est important de relativiser parce que si vous allez dans le même sens que l’enfant anxieux, vous embarquez dans son tourbillon d’anxiété. En tant que parent, vous pouvez rassurer l’enfant en lui mentionnant les éléments en lesquels vous avez confiance. Ça lui permettra de relativiser la situation et, ainsi, d’éviter que son stress devienne trop envahissant et difficile à gérer.
7) Trouver un angle positif
C’est bien de trouver un angle positif, un angle de solution, même dans les situations difficiles. On peut souligner la solidarité, l’entraide, l’espoir.
8) Être dans l’action
On peut aussi les faire participer à des actions. C’est très bénéfique, car quand on s’implique, on reprend le contrôle sur la situation. On donne à notre cerveau l’idée qu’on fait quelque chose de positif. Avec les plus jeunes enfants, ça pourrait être simplement de faire un dessin en soutien au peuple ukrainien. Ça peut aussi être de collecter des dons de nourritures et de vêtements.
10) Développer leur pensée critique
Les plus grands, qui fréquentent les réseaux sociaux, ne réalisent peut-être pas que toutes les vidéos sur TikTok ou un autre réseau qu’ils ont regardées convergent vers une seule vision des choses à cause de l’algorithme de la plateforme. Cela n’aide pas à avoir une vision éclairée puisque ça confirme les visions en tunnel.
On peut challenger nos ados, les inciter à se poser des questions sur leur point de vue. C’est important de leur montrer qu’il y a une diversité de sources d’informations, qu’il est important de vérifier ses informations auprès de sources fiables et de se méfier des fausses nouvelles! C’est vraiment une occasion pour développer leur pensée critique.
Photo fournie par Charlotte Longpré
2) Écouter
D’abord et avant tout, il faut les écouter, de demander ce qu’ils ont compris de la situation et comment ils se sentent par rapport à ça. Parfois, ils vont faire une conclusion un peu erronée à partir de ce qu’ils ont entendu.
3) S’adapter
« Une fois que vous avez fait parler l’enfant, il faut rester à son niveau. Répondez le plus simplement possible, ne donnez pas trop d’informations ni trop d’informations sensationnelles, que l’enfant n’a pas nécessairement abordées et qui pourraient lui générer plus d’anxiété. »
6) Suivre son rythme
Les enfants sont curieux de nature. Ils vont poser des questions. Mais ça se peut très bien qu’une réponse soit satisfaisante pour eux. Si vous avez fait le tour de la question, que vous avez validé ses émotions, répondu à ses questions, l’enfant va repartir en étant satisfait.
S’il a d’autres questions ou qu’il y a une évolution dans la situation qui amène une nouvelle interrogation, c’est possible qu’il revienne naturellement voir le parent ou l’enseignant. S’il ne le fait pas, ça se peut très bien qu’il n’en ressente pas le besoin. Alors, dites clairement que s’il a besoin d’en reparler, vous êtes là pour en discuter.
Mais c’est possible aussi que certains enfants sentent le besoin de faire une coupure, de se fermer un peu. On vient de passer au travers de deux ans de pandémie. Il y a des enfants pour qui le verre de stress est pas mal à ras bord. Donc de se fermer un peu à la situation est une façon pour eux de se protéger.
9) Rappeler la validité des points de vue différents
L’enfant a pu être confronté à un ami qui ne pense pas comme lui. Il a pu assister à une discussion entre deux adultes qui ne pensent pas la même chose. C’est une belle occasion pour qu’il apprenne qu’il peut y avoir des opinions différentes et que c’est correct.